Seulement "Je suis"
C'est moi, maître des maîtres, libre conscience, qui me manifeste à chaque instant ainsi, en tant que Soi de tout et de tous
C'est moi, conscience sans failles, absolument souveraine, qui suis l'agent de toutes les actions, car je suis au plus intime de toutes les consciences
C'est moi, un, qui me manifeste comme Soi de l'univers
C'est moi qui suis tout cela
C'est moi qui me manifeste ainsi comme Soi de l'univers
"Je suis" est le maître des maîtres
"Je suis" est l'Immense en sa transcendance
Moi seul suis tout cela
C'est moi, maître des maîtres, notre propre Soi, qui me manifeste partout et toujours en tant que Soi de l'univers
"Je suis" le Soi de l'univers
Yogarâja, Explication de l'essence de la vérité ultime d'Abhinavagupta, vers 1050
Dans les milieux non-dualistes on parle parfois du "je suis". Ce terme désigne le fait d'être, impersonnel.
Mais ici, dans le tantra non-duel, il ne s'agit pas du "je suis", mais de l'acte de conscience "je suis". Cet acte libre ne fait qu'un avec toute chose, il est comme leur âme. Mais il n'est pas un absolu immuable impersonnel ni un état. Il n'est pas l'être, mais plutôt la conscience que l'être a de soi-même. Cette conscience de soi peut se manifester comme une conscience de l'autre, comme un oubli de soi ou comme une inconscience, car l'être absolu est libre. Sa conscience est sa liberté. Il n'est donc pas "prisonnier" d'une conscience immuable. Parce qu'il est conscience, il peut jouer à s'oublier ("je suis cela") puis se reconnaître ("je suis je"). La séparation est enveloppée dans l'unité comme une voix dans un chœur. Toutefois, même si cet acte est versatile, il est toujours présent, comme une veilleuse, au cœur de toute activité. Il est ce que j'appelle "le ressenti du cœur".
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