Tout naît du couple de l'Être et de la Conscience, la Père de l'abyme inconnaissable et la Mère de la présence vivante.
Ainsi, tout nait d’une relation.
Les couples le savent : il est difficile d’être à deux ! Seul, je n’existe pas encore. Mais avec l’autre, je n’existe plus, car bien souvent le face à face tourne souvent en confrontation. Un contre Un…
Pour que la relation soit féconde, il faut un troisième terme, une reliaison qui unifie. L’Un seul est mort, stérile ; le Deux - seul lui aussi ! - est conflit, impasse. Pour que le Deux devienne couple, pour que la relation devienne communion féconde, il faut un être plus vaste. Telle est la règle de la vie : le remède vient toujours d’en haut, d’une transcendance, d’un « plus que moi et plus que nous » qui nous relie en nous reliant à lui. N’est-ce pas le sens originel de toute religion ?
Sans Conscience, l'Être ne pourrait être. Sans la Mère, le Père serait stérile.
Dans la tradition du Cachemire, il y a deux manières d’envisager ce « plus grand que nous » : comme Source universelle, ou comme Individu.
Comme Source, ce troisième terme est l’amour, qui coule à travers nous mais qui, ne venant pas de nous, est capable de faire de nos différences une puissance. L’amour est unité-dans-la-dualité, union dans la séparation, sans conflit ni confusion.
L’amour n’est pas un troisième être, une substance en plus du Dieu et de la Déesse, car alors il faudrait un quatrième pour relier les trois, et ainsi de suite, à l’infini… En écrivant ceci, je réalise que l’amour est insaisissable. C’est lui qui nous saisit. Libre de soi, il peut nous libérer de nous.
L’autre manière d’envisager l’Autre dans un « plus vaste que moi », c’est l’enfantement. Pour un couple, pour un groupe, ce sera un projet, une aventure, un avenir… Pour la tradition du Cachemire, c’est l’Individu (nara, « homme », « personne »), ou l'Enfant. L’un des noms de cette tradition est « triade » (trika). Tout est triple, car tout est « en relation », il n’y a de vie que dans le va-et-vient entre des pôles : Dieu, Déesse, Individu. Ces trois forment, par leurs échanges, le Triangle du Cœur ;
Dieu est ce qui est. La Déesse est l’être de Dieu, la Conscience de l'Être, car aucun être n’est nécessaire : il est toujours offert. Dieu se fait être, se désir, se ressent, s’éprouve : voilà tout son être ! Et ainsi, il se donne à soi comme individu (anu). Un presque rien, certes, mais engendré dans l’infini, rien de moins. L’Individu est le lieu de la synthèse du divin et de la divine. Nous sommes les enfants du couple divin.
Ces deux moments et deux instants, des pauses qui apaisent. En apesanteur, hors des débats. J'aime ce que je lis ci-dessus. Merci
RépondreSupprimer"En écrivant ceci, je réalise que l’amour est insaisissable. C’est lui qui nous saisit. Libre de soi, il peut nous libérer de nous." Ca me rappelle le beau poème L'Amour de Khalil Gibran.