lundi 10 mai 2021

Dernières découvertes sur le yoga


 

La recherche sur l'histoire du Hatha Yoga progresse. Depuis 2010, une nouvelle génération de chercheurs bouleverse la vision que nous avions, qui était héritée de gens comme Mircea Eliade. Ses livres sont les premiers livres que j'ai trouvé et lus à la bibliothèque municipale en 1986. Juste après l'Empire contre-attaque. Bref.

Voici d'abord une vidéo, en anglais, par l'un de ces chercheurs, qui dresse un état des lieux :


Deux choses à retenir :

1 - On a enfin retrouvé des preuves de l'existences de postures complexes avant le XVe siècle, car il est vrai que dans les textes de yoga tantriques et shaiva, plus anciens, il n'y a que des postures assises.



Ces preuves sont des sculptures dans la porte nord du fort de Dabhoï (Darbhavatî) au Gujarat. Elle remonte au moins à 1220. On peut y voir de fines sculptures de diverses créatures. Notamment, on peut y contempler huit Bhairavas et leur parèdre, huit Yoginîs et huit Yogîs, dont certains dans des postures complexes ou autres qu'assises.

Quelques exemples :


Notez la ceinture de yoga ou de méditation (yoga-patta), à gauche :






Or, ces sculptures s'inscrivent clairement dans la tradition du Tantra shâkta-shaiva. Ce qui nous amène au 2nd point.

2 - Depuis la découverte de l'Amritasiddhi et des origines bouddhistes du temple Nâth de Kâdiri au Karnâtaka, on pensait que le bouddhisme tantrique était à l'origine du Hatha Yoga. Il est certain qu'il a joué un rôle important, car tous les textes les plus anciens qui emploient l'expression "hatha-yoga" sont bouddhistes. Ce composé semble en effet absent des textes shaivas des mêmes époques, soit avant le XIe siècle. 

Toutefois, l'apport du Tantra shaiva est à présent de plus en plus reconnu. C'est de là que proviennent, en effet, des notions essentielles, comme celle de Shakti dans le corps, Kundalinî, les cakras, les nâdîs, les prânas, mûlabandha et maints autres détails techniques qui sont autant de points-clés de la pratique. James Mallinson admet dans cette vidéo qu'il a eu tendance à sous-évaluer cette importance du Tantra dans le Hatha, "en réaction" (by reaction). 

En outre, les sources se précisent et se confirment. La tradition Kaula "orientale" (pâshchima) a joué un rôle essentiel, son centre étant à Goa. Survivant aujourd'hui seulement au Népal, elle a légué au monde la représentation des "sept chakras". Par ailleurs, on comprends mieux pourquoi tant de textes de Hatha Yoga sont apparus après le XIVe siècle : Suite aux vagues de persécutions islamiques, le bouddhisme tantrique a disparu. Dans le Sud, ses centres ont été ensuite investis par des shaivas ou smârtas, qui ont produit différents manuels, dont la célèbre Hatha-yoga-pradîpikâ. Les Abbés de ces centres sont parfois devenus de véritables rois. Cette montée en puissance serait en partie à l'origine de la notion de "yoga royal", Râja-Yoga, moins physique, et destiné à des responsables qui n'avaient pas le temps de pratiquer la discipline physique. Le Yoga Royal serait d'abord le yoga des rois-yogîs. Les rois et les yogis ont toujours été proches, comme Arthur et Merlin.

Enfin, notons qu'il n'est pas une seule fois question de Patanjali dans cette histoire du Hatha Yoga. Je ne veux brusquer personne, mais peut-être serait-il temps pour les écoles de yoga de se mettre à la page ?

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