Après la description symbolique du lieu du Tantra (cliquer ici)et du dialogue entre Shiva et Shakti, cette dernière lui demande dans le second chapitre les secrets du yoga du Koula, source de la réalisation en cette vie. Ce yoga consiste à se laisser posséder (âvesha) par l'énergie divine (rudra-shakti), laquelle n'est autre que la Koundalinî, même si le terme n'est pas employé dans ce texte ancien. Ce yoga se présente comme indépendant des théories, dualistes ou non-dualistes, indépendant aussi des circonstances et des conditions de vie.
Le Chapitre III - La vanité des religions comparée à l'expérience de la Koundalinî
Le chapitre III souligne ces différences entre cette pratique intérieure et le shivaïsme ordinaire :
"La vérité des livres de ce monde n'a rien de commun avec la pratique non-duelle (qui ne se base pas sur la dualité entre "pur" et "impur"). Les "sciences" dont s’enorgueillissent les savants ne mène qu'au malheur. Ceux qui méditent le sens des Védas se contentent de la lettre, ils ne trouvent pas la paix transcendante, "ceux qui savent la vérité (des Védas)", égarés qu'ils sont. D'où leur viendrait la connaissance (libératrice), même en lisant des millions de livres ? Les (rituels) grossiers à base de camphre, de curcuma, etc. sont absurdes. Ceux qui suivent des règles de bonne conduite (vinaya) mais qui sont privé de réalisation sont partout répandus, en pleine confusion. Ils ne connaissent pas la félicité du Koula, Ô belle aux yeux de gazelle ! Ils se contentent des Tantras et des Mantras, qui ne leur font aucun effet (pratyaya). Ils n'ont pas la gnose du Koula : les hommes se contentent d'être bien sages. Ils s'adonnent à nourrir le feu de boulettes amères, par exemple ; d'autres "purifient les éléments", d'autres imaginent le Point et la Résonance, ainsi que les (autres étapes de l’ascension du Mantra) le long du canal central. Ils se satisfont d'un rituel qui (prétend être) la connaissance du réel. Mais la connaissance du Koula est celle des yoginîs et des magnanimes. Ceux qui sont bien sages (vaineyikâh) sont comme des insectes (sans cervelle), ils se distinguent par leur inclination à la servitude (pashutvam) !"
Le reste du chapitre est très abîmé, mais le message est clair : les religions existent parce que les hommes ne font pas l'expérience de la Koundalinî. Ils se font alors esclaves de systèmes factices où l'on s'imagine vivre des choses mirifiques, justement parce qu'on ne les vit pas.
Le yoga du Koula, au contraire, n'a pas besoin de visualisation, de règles ou de vaines théories, parce que l'éveil de l'énergie se vérifie directement par ses effets (pratyaya, cihna). Ce sont ces dignes qui sont décrits dans le chapitre IV :
Chapitre IV - Les symptômes de la Koundalinî
Pour la principale méthode d'éveil de la Shakti selon le Koula, cliquer ici. La Koundalinî, c'est la vie, c'est-à-dire la conscience. La conscience est libre. Rien ne peut la forcer à se réveiller. Nul ne peut la contraindre à rester endormie. La Koundalinî, c'est le coeur de soi. Pour la réveiller, il suffit de se réveiller, c'est-à-dire de plonger en soi. Vu de l'extérieur, toutes les méthodes sont possibles, toutes les occasions sont bonnes. Mais en réalité, seule la Koundalinî, le "je suis je", s'éveille soi par soi.
"La Déesse demande :
Comment la (Koundalinî) advient dans le corps ? J'ai un doute à ce sujet, Dieu des dieux ! Donne-moi la réponse, Seigneur des dieux !
Shiva répond :
- Ô Déesse, elle (la Koundalinî, la Shakti, la Déesse... Toi !) est omniprésente. Mais elle est (plus intensément présente) dans le coeur des êtres incarnés. Grâce au joyau des instructions secrètes qui constituent la gnose (du Koula), éveillé (depuis toujours), elle s'éveille (à nouveau). Shiva et Shakti se font face à face, omniprésents. Mais cette Shakti de Shiva se trouve dans la bouche du maître et dans la possession (âvesha). Lui, Shiva, est l'inconcevable, la cause primordiale. Sa Shakti est Point (de Lumière) et Résonance (consciente). Il suffit de suivre son ascension pour qu'apparaisse l'expérience qui est la preuve (de l'éveil de la Koundalinî). Le corps s'en trouve immobilisé. Avec la pratique, on voit le divin, le divin dans le corps, Ô Déesse ! En trois mois, on contemple les Yoginîs (dans le ciel face à soi), puis les dieux célestes dans leurs vaisseaux. Selon la profondeur de la pratique, on contemple toute la création. D'abord, on sent un tremblement dans le coeur, puis (comme) une énonciation dans la gorge. Puis la tête tourne, signe de la transmission. Un à un, (les cakras) se mettent à tourner, de même que les membres et chaque partie du corps, jusque dans les articulations. Il y a (comme) un vertige et une ivresse dans le corps entier, par la puissance de cette science du Koula. Il y a (comme) des changement d'humeur, d'état. Il ne faut pas en avoir peur : c'est la Maîtresse suprême qui joue. Il ne s'agit ni d'une possession démoniaque, ni d'une maladie mentale. Quand on la bloque où qu'on lui fait violence, on n'est pas délivré. Grâce à cette Shakti du Désir, le yogi devient un gourou. Elle est source de plaisir sexuel dans le corps. Transcendante, elle guérit de tous ce qui tire vers le bas (pâpa).
...
Cette possession par la Shakti de Shiva est la possession éternelle, sans effort, elle est la source ultime de l'union délicieuse avec les dieux célestes, elle procure à la fois la jouissance et la liberté.
...
Qui s'adonne à ce yoga ne connaît ni jour, ni nuit. Il ne sent pas la faim ni la douleur en son corps.
...
Sans effort, il réalise une myriade de moudrâs et de bandhas. Il tremble, chante, danse, manifeste une multitude d'états.
...
Il est impossible de faire cette expérience même par des millions d'autres systèmes."
Là aussi, malgré les lacunes et les quelques passages que je ne comprends pas, le message est clair : quand la Koundalinî s'éveille, toutes sortes de symptômes se manifestent, dont les moudrâs et les bandhas (au passage, je me demande si ce texte ne comporte pas ici la plus ancienne mention des moudrâs et bandhas qui apparaîtront ensuite dans le hatha yoga), ce que le principal vulgarisateur du "Siddhayoga" au début du XXe siècle, Swâmî Vishnou Tîrtha, nommera les "kriyâs" ou "manifestations spontanées de la Koundalinî/Shaktipat sous forme de mouvements" que l'adepte ne doit en aucun cas essayer de bloquer.
On notera aussi que l'énergie part du cœur, ainsi que l'absence de serpent (mais j'ai mis un serpent en illustration, quand même).
Au final, tout cela est très simple : on plonge en soi, instinctivement, et on se détend. Comme dit Shiva dans ce tantra : teṣu teṣu na bhetavyaṃ, krīḍate parameśvarī "n'ayez pas peur de ces manifestations : c'est la Maîtresse suprême qui joue".
Je est un Autre...
RépondreSupprimerAssied Toi reste tranquille et sache que « Je Suis » ;
La page blanche sur laquelle tu dépose tes pensées.
L’écran sur lequel se déroule le film de ta vie.
Tu t’agite et cours toujours d’un endroit vers des chemins impossibles .
Alors que « Je Suis » au centre immuable , immobile, laissant tous ces chemins impossibles me traverser sans me toucher.
Tes « multiples je» se lèvent le matin et s’endorment chaque soir créant des espaces et des horloges qui sombrent dans tes nuits de rêves et d’illusion d’alcôve.
Moi ; l’Autre, d’un regard plein de bienveillance ne t’enseignera jamais mais portera témoignage.
Ne croit pas au pardon inculqué par les « Enseigneurs » des religions.
Ils te maintiendront durant toute ta vie dans ce sentiment de culpabilité.
Car tu est toi même Pardon.
Ne croit pas à l’amour qu’ils t’enseignent avec leur main droite pour autant qu’ils soient égarés dans leur main gauche.
Car tu est toi même Amour.
Ne crois pas à la lumière qu’ils tiennent toujours sous le boisseau pour te mener dans des chemins sans retour .
Car tu est Toi même Lumière.
Ne crois pas à leurs vérités truffées de mensonges pour mieux te soumettre.
Car tu est Toi même la Vérité.
Ne crois pas à cette pseudo vie dans d’autres mondes, ainsi ils haïssent notre Mère la Terre. « GAÏA »
Car tu est Toi même La Vie
Je t’observe au-delà de ces espaces et de cette horloge dont les minutes te sont comptées.
Quand tu pleure ; Je pleure..
Quand tu ris ; Je ris…
« Je Suis » cet enfant qui est né dans l’innocence
Qui pris possession du monde et qui fut bien vite oublié.
Mais « Je Suis » là en apparence inaccessible et pourtant si près.
Ma voix crie dans ton désert et ma flamme brille dans ta nuit obscure.
Sur quelle pierre silencieuse puis je reposer ma tête et écouter La Présence.
Tes souffrances sont pour Moi un baume afin d’y verser des larmes chaudes pour accompagner tes détresses.
Ne Crois pas , éprouve et Sois
Zarathoustra
Ah, ravi découvrir ce Nietzsche "non-duel".
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