hiéros gamos, nâdabindu
Une question immortelle :
"Pourquoi l'Un se multiplie-t-il ?"
Si être absolument un, c'est être absolument simple, invulnérable, sans peur, complet et parfait, pourquoi la dualité, la séparation, la conscience et la souffrance ?
L'Un est une conscience sans dualité, simple, une sorte de conscience inconsciente, donc. Ensuite viennent les problèmes. Mais cette sortie de l'état sans problèmes est elle-même un problème. Pourquoi quelque chose plutôt que rien ? Si les univers sont l'imaginaire de l'Un, pourquoi cet imaginaire ?
L'Un ne le sait. Ou pas ?
Il y a deux présupposés, deux options : soit vous considérez que la conscience est un malheur ; soit vous sentez que, même dans cette tragédie, il y a une beauté, une gloire à nulle autre pareille.
Je considère que nous avons les deux :
pendant le jour, l'aventure tragi-comique de la conscience.
pendant la nuit, l'Un, simple, la conscience pure de toute conscience.
Le beurre et l'argent du beurre. Le grand luxe.
Il en va de même pour le dehors et le dedans :
Le besoin de chercher dehors
ce qui est dedans est très fort.
"Très fort", car même quand je l'ai trouvé dedans,
je continue à le chercher dehors.
D'où vient que l'Un devient ?
C'est que je crois que l'Un est désir. L'accident n'en est pas un. L'Un est conscience. Notez comme "désir" et "conscience" semblent inséparables.
La nuit nous enseigne qu'il n'y a rien.
Le jour complète : il y a tout.
Mais que ce soit jour, ou nuit, il y a désir, conscience. Quand je fais l'expérience du désir de dormir, quitte à oublier mon empire et tout "ce qui compte plus que ma vie même", je fais l'expérience que le rien est, lui aussi, désir. Désir de rien, désir du rien, absence de désir, désir de l'absence de désir, désir d'en finir avec les désirs, désir de l'absence, désir d'en finir, désir de vide vidé des désirs : le sommeil inconscient déborde de désir ! Et puis le matin, désir des désirs, désir de remplir, d'être rempli, faim et soif, appétits et projects, projections et imaginations.
Le jour et la nuit, l'Un et le Multiple sont deux moments d'un même Mystère, d'une même vie. Désirer choisir entre le jour et la nuit, entre le tout et le rien, le vide et le plein, c'est déjà un désir, mais incomplet, immature, dirai-je. Un désir en chemin. Quand je suis fatigué, je désire le Rien. Ma vie intérieure se tourne vers le silence. Quand je suis en pleine forme, je désire le Tout. Ma vie intérieure se tourne vers la vibration viscérale. Mais il n'y a pas conflit, juste alternance, balancement vertigineux. Le Mystère que je suis est bipolaire, qu'on se le dise.
Mais alors, à quoi bon ?
Quel est le bénéfice de la vie intérieure ?
Son bienfait est une réconciliation : je ne vis plus l'alternance entre rien et tout comme un ballotement insupportable et absurde, comme un autosabotage ou une guerre intérieure, mais comme un balancement sacré, une respiration divine. La dualité est toujours là, car elle n'est pas un accident ! L'imaginaire est toujours là, car il n'est pas un accident. Le dynamisme, la dynamique, le désir, est toujours là, car "la conscience est une mer, et une mer n'est jamais dépourvue de vagues".
Seulement, cette houle est vécue différemment. Reconnue comme ma nature, elle participe du Mystère, elle le dit., elle aussi, à sa façon. Il y a la parole du jour, du Tout, du Multiple luxuriant ; et il y a la parole de la nuit, du Rien, de l'Un sobre. Les deux moments se complètent, se disent mutuellement, s'appellent et se répondent.
Réconciliation. Tranquille. A l'aise. Sans dilemme.
Et c'est la vie, avec ses hauts et ses bas, ses guerres et ses paix, ses tensions et ses détentes, ses crispations et ses bâillements. Le besoin d'incarner n'est pas un accident.
Et ce Tout et ce Rien accouplés se donnent ici, en cet instant même. Un silence absolu gros de tous les bruits.
J'ai fait du yoga mis dans le judaïsme chrétien (judeo-chrétien)
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