flux et reflux
Abhinava Goupta nous invite à prendre du recul par rapport aux pratiques factices :
"Laisse tomber (tyaja), loin derrière toi,
la pratique réglée (vinaya), pauvre en mérites,
pleine d'afflictions, dépourvue d'expérience personnelle,
privée de la science de la libération." (TÂ XXXVII, 28)
Dans ce verset, il utilise la terminologie bouddhiste. Il conseille de se délivrer des pratiques factices inventées par des maîtres incompétents qui n'ont d'autre rôle que de perpétuer l'illusion du monde. Les systèmes, rituels ou yogiques, sont des prisons mentales. Le Tantra (le Texte) est une prison, le Véda (le Savoir) une autre, selon Shiva dans l'Ânanda Tantra :
"Ceux qui s'y connaissent ne croiront pas à la doctrine des 'sages védiques', qui est limitée, pétrie d'afflictions, qui ne produit que des fruits maigres et évanescents. Ils accorderont foi à la Révélation de Shiva."
Abhinava poursuit : "Ce qui est cause de chute selon les 'sages védiques' permet une réalisation rapide selon l'enseignement de gauche - d'où l'on voit que la religion védique est prisonnière de la caverne de l'illusion magique, Mâyâ." (TÂ XXXVII, 10-12)
Tous ces enseignements sont en partie vrais, mais ils sont limités, ils n'enseignent qu'un aspect du Mystère. Ils sont vrais en ce qu'ils affirment, faux en ce qu'ils interdisent. Les savoirs sont des gouttelettes issues de la réalisation infinie de l'Infini par l'Infini. Tel est le message de la religion Kaula, religion sans forme, sorte de parfum subtil présent en toutes les religions, pressentiment de la vérité auquel répond notre intelligence instinctive.
En particulier, les disciplines et pratiques en tous genres sont comme de la lave pétrifiée. Le succès même devient échec. Tout cela sert ensuite à faire exister des pouvoirs, des sociétés, des groupes, avec leur dose de bêtise indispensable à leur conservation. La liberté ne se limite pas à l'individuel, mais elle passe par l'individuel. Inévitablement, le doigt qui pointe la lune en vient à la cacher. Ceux qui en sont avisés exercent donc leur discernement : ils séparent le bon grain de l'ivraie. Car la pratique est inévitable, vu que l'absolu est action, mouvement. Mais à force d'échecs et déconvenues, nous sommes conduits à reconnaître la part vraie et à laisser tomber le reste.
La pratique vient du plus profond : alors elle est vivante. Sinon, elle remplace un autre mécanisme, une autre routine, et ne fait que perpétuer le mal-être. L'indépendance est le terreau de la pratique juste : pratiquer comme sans pourquoi, dans un perpétuel oubli, plongé dans une pleine intensité. Pratiquer comme on improvise sur un thème musical, comme on suit des vaguelettes du regard. Dépouiller pour savourer.
improvisation du moment..:)
RépondreSupprimerMon absence de programme pour mes vacances
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