Tout le monde sait que la flûte de bambou (bansurî) est l'instrument de Krishna.
Mais un autre conte indien offre une autre version de l'origine de cet instrument.
Il était une fois un jeune homme, Matanga, qui allait dans la forêt rassembler du bois pour les rituels du brahmane qu'il croyait être son père. Mais en chemin, il croisa un âne qui lui révéla qu'il était le fils d'un barbier qui avait eu une aventure avec sa mère, une vraie brahmane. Etant issu d'une union "à rebrousse-poil", l'âne juge donc que Matanga est un intouchable, un Tchandâla. Matanga débute alors une quête surhumaine pour devenir brahmane. Il pratique l'ascèse et le yoga pendant des millénaires. Indra, le chez des dieux, lui accorde n'importe quel voeux, mais lui explique qu'il est impossible de changer de nature : un intouchable ne peut en aucun cas devenir brahmane. Matanga demande alors le pouvoir d'assumer n'importe quelle forme et d'être adoré par les brahmanes à jamais.
Matange devient un grand yogi et un savant en gnose shivaïte. Un tantra important passe par lui, qui le décrit comme "un tigre parmi les sages". Son ashram est sur le mont Himavat, où toutes les créatures vivent en harmonie, illuminées par le feu de sa Gnose et la profondeur de son absorption yogique.
Alors qu'il pratiquait ainsi, le vent soufflait dans des bambou. Il se trouva que, dans certain d'entre eux, les trous faits par des abeilles et l'inclinaison par rapport au vent était parfaite pour les faire vibrer. Or ce chant distraiyait Matanga de sa méditation sur Shiva. Il prit donc un bambou parfait, en fit une flûte et en fit sortir les septs sons de la gamme. Charmés par ce son inouïe, Shiva et Pârvatî apparurent à Matanga qui se mit à pleurer à leurs pieds. Il demanda alors à Shiva la Gnose qui permet de téruire toute souffrance, et Shiva lui répondit en lui transmettant un tantra "salutaire, facile à comprendre et clair, au sens profond". C'est le tantra de Matanga-pârameshvara, un des textes importants du shivaïsme dualiste.
Matanga est aussi l'auteur d'un traité de musique, la Brihaddeshî, qui est le premier à parler des râgas et à décrire les douze intervalles de la gamme. Il y distingue aussi différents genre musicaux. Ce traité est le plus important après celui de Bharata et son commentaire par Abhinava Goupta. La musique et la danse sont depuis toujours présents dans le shivaïsme. Le fait que Matanga soit un intouchable est également significatif. Matanga est aussi le gourou de Shabarî, un des premiers dévots de Râma. Il écrit :
"Il n'y a pas de dance sans son (nâda).
Le son est donc l'essence du monde.
Le son est la Tradition,
il est Brahmâ. Vishnou est son,
de même que la Shakti suprême et Shiva."
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