La vie intérieure a deux entrées : faire silence à l'intérieur en prenant conscience du bavardage et en se retournant ; et plonger dans le cœur central, la quintessence frémissante à l'aube de tout.
- Mais que faire des pensées qui persistent ?
Ne pas leur prêter attention : ne pas les observer, ne pas les embrasser, ne pas les bloquer, ne pas les suivre, ne pas les poursuivre, ne pas les écouter, ne pas répondre. Et la félicité profonde du centre de soi détourne spontanément l'attention de ces contenus. Je suis alors comme fasciné et entraîné, malgré moi. Difficile à exprimer. En tous les cas, les mouvements ne sont plus un problème. Telle est la voie de Shakti, la voie de l'attention à la source, précise et concrète, praticable en toutes occasions, assis, debout, couché.
- Mais je me sens envahi par les pensées ! Elles surgissent et prolifèrent sans fin, comme l'hydre au cent têtes. Je n'arrive pas à ce silence profond, et la sensation d'être submergé m'empêche de goûter à la félicité. Que faire ?
Orienter l'attention sur le fait que toutes les pensées, que toutes les sensations, que toutes choses, sont en train de disparaître, instant après instant. Ou plutôt, essayez de retenir une pensée, quelque chose, pris au hasard, peu importe. Et constatez que tout cela s'évanouit, comme des flocons, certes nombreux, mais qui fondent aussitôt qu'ils entrent en contact avec le sol chaud. Laissez l'attention basculer de "ah, toutes ces pensées qui surgissent !" vers "oh, toutes ces pensées qui se défont !" Et tout cela sans effort, comme des dessins tracés sur l'eau, qui disparaissent en même temps qu'ils apparaissent, comme les deux plateaux d'une balance. L'apparition et la disparition des pensées est alors perçue comme un seul mouvement. Et toute cette prolifération est de plus en plus ressentie comme un immense et abyssal mouvement de détente, d'expansion, de dilatation, de relâchement, de libération. Les pensées se délivrent d'elles-mêmes de leurs nœuds, comme des volutes dans le ciel.
Et alors, au lieu de réagir aux tensions des pensées par d'autres tensions, un cercle vertueux se forme. Plus de pensées, plus d'ouverture, comme un immense bâillement sans terme ni fin. Une détente profonde, jusqu'aux racines de l'être, jusque dans l'espace. Tout se délite comme un château de sable, les fleurs s'ouvrent s'offrent à l'étendue, un très long soupir de soulagement jaillit du tréfonds des entrailles. Bref, laissez l'impermanence "gérer" les pensées. Au lieu de tendre à un idéal imaginaire à l'aune duquel vous jugez l'expérience présente, laissez-vous aller à épouser le cours naturel des choses.
Une pratique simple et complète.
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