Dans un beau passage d'un texte perdu, La Lignée du nectar (Rasa-anvaya), il est proclamé que "être, c'est être perçu" :
yā cit sattaiva sā proktā, sā sattaiva ciducyate |
atra citsattayorvyāptis, tatrānando virājate ||
yatrānando bhaved bhāve, tatra citsattayoḥ sthitiḥ | iti |
"Ce que l'on appelle 'conscience',
c'est précisément le fait d'exister.
Et l'existence n'est rien d'autre
que la conscience.
Et là où conscience et existence
sont identiques,
là resplendit la félicité.
Quand la félicité advient dans un état,
c'est l'état où conscience et existence
sont identiques."
En effet, notre expérience prouve qu'existence et conscience sont synonymes.
Là où il y a conscience, il y a existence. Là où il y a existence, il y a conscience.
Ainsi "le monde" n'est qu'un concept contenu dans la conscience,
la "matière" est une abstraction qui dépend entièrement de l'acte conscient
qui la crée en la pensant.
Il y a stricte équivalence (vyâpti) entre les deux.
Quand il y a conscience, il y a existence.
Quand il n'y a pas conscience (ce qui est impossible),
il n'y a pas même rien.
Donc la conscience que je suis est aussi vaste que l'existence.
Là où il y a quelques chose, où même rien,
là brille la Lumière sous ces formes où cette absence de forme.
Et cette identité avec l'existence, avec le fait d'être,
c'est-à-dire avec l'acte de créer, est félicité,
car j'ai alors conscience que tout ce qui est,
est en moi.
D'où repos, vertige, émerveillement, délectation
et félicité. Sentiment du sublime à l'état pur,
né du contraste entre la puissance infinie
et l'absolue vacuité.
Inversement, toute félicité est signe d'une conscience,
même partielle, que l'existence n'est rien d'autre que mon activité créatrice.
Être, conscience, félicité sont strictement équivalents.
Nous sommes cela.
Tel est la fin ultime de toute existence : se réaliser directement, se reconnaître comme en un miroir limpide,
infini. C'est l'absolue délivrance et tout à la fois la somme totale de toutes les félicités.
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