Assis face au ciel,
j'avale les vents.
Les rafales en riant
m'éveillent, me réveillent
et veillent au diaphane.
Je suis une prairie luxuriante,
mais transparente.
Ce qui fait bouger le visible
demeure invisible.
Je ne sens, je le respire,
je ne le vois pas.
La chevelure des reliefs
semble animée d'un seul mouvement,
la plaine est traversée de trains d'ondes
irrégulières mais continues.
Le vent révèle l'espace ?
Les souffles célestes sont des mains
qui massent une immensité
habituellement inerte.
Des mains qui poussent, pétrissent et roulent
les chairs.
Le corps se fond dans le paysage,
le pays se refond dans les bourrasques.
C'est aussi sonore : des vagues invisible
viennent s'échouer sur les versants.
Les chants des bêtes peinent à percer
les rugissement graves ou légers.
Les vents deviennent mes souffles.
Mais leur magnitude m'empêche de les posséder.
Ils me ballottent tandis que je m'allonge
dans la vallée.
Je ne respire plus : les poussées du ciel
inspirent en se déversant, expirent
en repartant au loin, des nuées imprévisibles.
D'où un sentiment de liberté.
Je me sens comme une pâte qu'on travaille,
qu'on étire, qu'on écrase.
La masse me respire,
je suis une éponge dans une mer de fraîcheur,
juste ce qu'il faut.
Je suis une pâte à pizza :
la masse rejoint peu à peu
l'intangible, les respirations du mistral
m'étalent dans toutes les directions.
Le vent est aussi sonore.
Bruits sourds, à coups, arrêts,
élans inopinés, exploration des contrastes.
Le mouvement réveille l'inerte.
Retour au repos, dégagé, clair.
Des vies en accéléré.
Sensation de nettoyage : le vent pense pour moi.
Ses poussées internent désormais mes pensées.
Une musique qui ne laisse pas de traces.
Les mains du vent
se referment sur l'ouvert.
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