Au sortir du sommeil profond, c'est-à-dire au premier instant du jaillissement de la conscience de l'être, il y a le souffle, prâna.
Cette vibration immobile qu'est la conscience devient le va-et-vient de la respiration (shvâsa-nishvâsa, prâna-apâna). L'océan est mouvement : ici mouvement d'huile, là tempête. Mais toujours mouvement. De l'un à l'autre, point de rupture.
Il n'est donc pas question de bloquer (nirodha) ou d'aspirer à supprimer définitivement la respiration ou l'énergie du souffle. L'absolu est conscience. La conscience est vie. La vie est mouvement. Le mouvement est respiration.
Le va-et-vient sensible de la respiration peut parfois s'amenuiser, s'affiner, s'allonger (âyâma). En particulier, l'attention s'affranchit de ce mouvement quand elle se pose sur leurs intervalles. Mais le souffle ne disparaît pas pour autant. Il retourne à un état plus subtil.
naisargikaḥ prāṇasambandhaḥ //
prāṇe pariṇatā saṃvit prāg iti proktayā diśā ||
nisargāt sahajāt svasya svātantryād anivāritāt ||
cañcatprapañcavaicitryaprakarṣakaraṇecchayā ||
saṃkocaṃ parigṛhṇānā saṃvid bhagavatī svayam ||
prāpnoti saṃkucattattatprāṇagrāhakabhūmikāḥ ||
Le lien au souffle est inné.
Explication en vers par Varadarâja :
" 'La conscience est d'abord devenue souffle' :
selon cette indication, la divine conscience elle-même
assume un état de contraction,
grâce à son puissant désir
de s'élancer sous la forme merveilleuse
de la manifestation.
Elle s'ébranle ainsi
parce qu'elle est libre en elle-même,
libre d'une liberté innée et sans voiles.
Elle s'identifie alors à l'état des différents
êtres doués de l'énergie du souffle
et se contracte à leur mesure."
Aphorisme de Shiva, Shiva-sûtra, III, 43
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