krīḍanvicitrairākārairjayatyeko maheśvaraḥ //
eko'pyanekarūpaiva vācyavācakabhaṅgibhiḥ /
sarvajñasya parā śaktirbhāsatāṃ pratibhāsatām //
śrīmatkalyāṇavapuṣaḥ śaṃbhorbhaktimupāsmahe /
yadekabhājanaṃ kāyo mokṣādapyatiricyate //
"Génial dans la manifestation
du samsâra aux modes variés,
jouant à travers les formes étonnantes,
le Maître des maîtres possède une gloire unique !
Bien qu'il soit un,
ses formes sont multiples,
à travers les vagues du sujet et de l'objet.
Puisse la Puissance suprême de l'Omniscient
briller et briller pour moi !
Nous adorons l'amour divin
dévoué au sublime corps de Shiva,
incarnation de la beauté,
corps seul digne d'adoration,
au-delà même de la délivrance !"
Jayadratha, Shiva, Pierre philosophale, Haracintâmani
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Ces trois versets inaugurent un vaste poème d'amour à Shiva, composé en sanskrit et au Cachemire au XIIe siècle.
La Conscience, l'Être universel, se manifeste spontanément et gratuitement à travers tout et en forme de tout et de tous. En cet être libre et sans clôture, unité et multiplicité ne sont pas incompatible. Il se manifeste librement, ainsi et autrement, dans les opposés et dans leur synthèse. Et cette liberté est la Déesse, la Puissance.
Le poète suggère ici que le monde est théâtre et que le Maître des maîtres est à la fois metteur en scène et acteur, tous les acteurs. Il est tout, par libre manifestation de soi pour soi, sans séparation mais sans inertie non plus. La conscience n'est pas confinée en elle-même, contrairement aux choses.
"Puisse la Puissance suprême briller et briller pour moi" : jeu de mots sur pratibhâ "briller pour, en face de", et "génie, intelligence, intuition, inspiration" créatrice. La conscience est manifestation (bhâsâ) et intelligence créatrice (pratibhâ), deux mots qui font échos à prakâsha, Lumière et vimarsha, Conscience, et qui désignent Shiva et Shakti.
L'amour divin, bhakti, dépasse le soucis de la délivrance, car l'amour divin est l'intelligence divine elle-même, qui se réalise en tout et en tous, et qui réalise ainsi qu'elle est libre de tout créer, par-delà toute opposition entre aliénation et délivrance. Ce thème de l'amour au-delà de l'aspiration é se délivrer du samsâra est un thème central du Tantra.
L’amour de l’autre est il l’amour du divin de l’amour dans l’autre lorsqu’on aime véritablement?
RépondreSupprimerJ’aurais tendance à penser que oui
Fabio