L'hiver, je me sens souvent fatigué.
Je passe alors en mode
"j'avance sous la neige dans la tempête,
les yeux fermés, mais j'avance".
Dans cet état, je peux me dire que je passe à côté de la vie,
de la vraie vie, intensément vécue,
parce que j'ai l'impression de vivre
en "pilote automatique".
Et les jours s'égrènent,
comme si j'étais prisonnier
d'une version mécanique de moi-même.
La fatigue efface la présence,
ressentir même devient un effort.
Et je sais que c'est l'expérience
de la majorité dans les grandes villes.
Alors
je m'effondre dans le silence.
Je m'effondre, sans me morfondre,
dans cet espace qui est en moi,
que je découvre calme, silencieux,
un bloc de paix absolue.
Vous savez, comme dans ces scènes de film
où, au milieu du bruit et de la fureur,
le son est soudain coupé.
Comme si je passais au-dessus des nuages.
...
Et je me laisse faire, ainsi, nu et simple,
absolument.
Et je découvre (pour la millième fois)
que l'agitation s'agite en cet espace
qui n'est pas agité.
Comme si, en moi,
quelqu'un d'enveloppant, d'aimant
mais de très, très discret
était toujours là, témoin muet,
les yeux fermés, recueilli.
Et je laisse cet éveil
se répandre dans la fatigue,
dans les lourdeurs :
une eau fraîche s'insinue
dans les tensions,
un éclatement de silence en expansion,
une explosion de paix.
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Être avec les autres,
c'est être parfois un seul être,
pour le meilleur et pour le pire.
Quand nous regardons dans la même direction,
nous sommes unifiés à cet égard.
Sans le reconnaître clairement,
nous perdons nos différences.
Pour le meilleur et pour le pire,
comme toujours.
Car alors nous perdons aussi notre faculté de juger.
Pour le meilleur et pour le pire.
Nous oublions notre libre-arbitre,
comme soulagés d'un fardeau.
Pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Nous éprouvons une joie spéciale,
un reflet de la félicité de la conscience.
Pour le meilleur de s'oublier,
pour le pire d'oublier nos responsabilités.
Je sacrifie mon individualité
pour cette joie éphémère.
Comment être avec l'autre
tout en restant soi ?
Là encore, le seul salut est dans la connaissance.
La reconnaissance.
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