Le pollen des mots danse entre ses doigts. Ils frétillent, imprévisibles papillons à contre-courant des plis de ce monde morbide. Elles remontent et descendent le long de ces bras, ces truites imprévues. Championnes des contre-pieds à la tirade discrète, elles dessinent des tatouages arabisants au cours des veines gorgées de son sang tout écarlate. Les mots s'égaient, ermites à la recherche de leur sens. Couples déchirés pour se ressaisir au sommet d'un inspir, ils se laissent aller à contre-poil de tous les temps. Superposés dans leurs figures nombreuses, ils se frappent, coups de patte de velours au grès des regards jetés. L'un pose coussinet sur braise, l'autre fuit quelque mystérieuse suggestion, poils ébouriffés, les yeux gros et tout navrés. Tous, ils convergent dans ses pupilles, riches de ces reflets que l'on ne surprend qu'au crépuscule de toutes les luttes. Ils se font poudre d'or dans le fin de ses lèvres, esquisses à jamais offertes au repos des jours.
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