L'éther pénètre aux plus bas de la terre. Le soleil tape du pieds. Poussière sous la plante, mille voix invoquent les hanches, jusqu'au plus haut du dos. Deux ailes s'embrassent autour de sa colonne : manière d'hommage aux soleils humains en veilleuse. Leurs corolles se replient sans répit : en sa chevelure, douleur des paons. C'est cuivré comme l'automne, dur et doux. C'est facile parce que c'est difficile. Ses ondules me font chevroter, des envies de surfer sur les ailes de l'intime papillon. Ici, dans le douillet d'elle, habite l'ultime. Telle une chouette, elle voit. Voyant la souris, elle ullule. Quand je l'entend, je sourie. Au creux du chêne verts, elle m'attend. Les orteils plein de sable et d'huile, je vais vers elle. Sa voix ceint mes reins d'un voile de lin, lourd par-dessous, léger au-dessus. Je suis l'enfant qui grimpe, les ongles dans l'écorce. Elle est la nuit qui descend, aux doigts de lune. Je suis monté : elle était plus haut. Je suis descendu : elle était plus bas. Je me suis retourné. Elle n'était plus là, le monde était là. Elle était tout cela, en franchise sans pitié, en liberté belle. Elle a défait son lacet. Mon âme fut défaite. Elle y a versé le sel, j'ai versé les larmes. Elle a versé le miel, je l'ai embrassée. Nous sommes retombés. Notre cratère se remplit d'un velouté de vin d'outres années. L'averse l'a coupé, nous avons bu au revers de nos lèvres. A la coupe de ses mains j'ai senti ses pins bien-aimés. Sous mes pieds percés par leurs aiguilles a coulé le sang du mal. Il est descendu féconder l'astre des nuits. Je suis descendu avec lui, jusqu'au entrailles de son soleil ruisselant. Sous la montagne, j'ai allumé la pluie, puis je suis remonté admirer le chant de l'aigle. Je l'ai vu son cri, ne me demandez pas. J'ai eu mal de beauté. Mes yeux se sont fermés. Allez, répandez ce velours vif, à l'endroit à l'envers, à travers toutes les contrées de la terre. Faites vos pierres de ce passé. Façonnez bien vos morts de cette vie. Mais ne me demandez pas. Elle m'aime. Ne me demandez pas.
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