L'essence de tout ce qui est,
est la conscience. L'expérience. Exister.
Mais qu'est-ce que la conscience ? Qu'est-ce que l'expérience ? Qu'est-ce que vivre ? Qu'est-ce qu'exister ?
C'est l'espace limpide dans lequel apparaissent ces mots,
le présent brillant en lequel apparaissent ces mots.
Et tout le reste.
Comme une grande bouche, un œil immense. Un regard sans rebords.
Mais la conscience n'est pas seulement vide comme l'espace.
Elle est, en plus, vivante, sensible, dynamique.
Elle est doué du pouvoir de s'émerveiller, de ressentir, de penser, de dire.
Comme dit Utpaladeva :
prakāśasya mukhya ātmā pratyavamarśaḥ, taṃ vinā arthabheditākārasyāpy asya svacchatāmātraṃ na tv ajāḍyaṃ camatkṛter abhāvāt //
L'essence (âtmâ "le Soi") de la conscience
est d'abord le ressenti (pratyavamarsha).
Sans cela, la conscience serait seulement transparente pour accueillir les choses, mais elle ne serait pas consciente, car il n'y aurait pas (en elle) d'émerveillement".
Vritti, I, 5, 11
Si la conscience était seulement un espace vide, elle accueillerait les choses, mais sans rien ressentir, sans en être consciente, sans rien éprouver, sans rien se dire. Il n'y aurait rien, et pas même un étonnement face à ce rien. Ce quelque chose de plus que le vide, c'est la conscience. Non la conscience en tant que "lumière" qui éclaire les choses, mais la conscience en tant que réaction, ressenti, représentation, réalisation, prise de conscience. Le fait de se dire "Ah !" La conscience comme sentir.
Ce pouvoir de s'émerveiller est l'âme de l'âme, le cœur du cœur, la Shakti de Shiva.
Ce passage est extrêmement important. Il comporte les termes propres à la Reconnaissance : pratyavamarsha, litt. "l'acte de se toucher", de se sentir, se ressentir donc. Et camatkâra, litt. "l'acte de se délecter", d'apprécier, de goûter, de savourer, de s'émerveiller, de s'ébahir. Être, c'est s'étonner d'être. Il y a un étonnement qui gît au cœur de toute expérience, une béatitude devant le miracle d'exister.
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