jeudi 12 mars 2020

L'espace de l'éveil

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Le Tantra de la Félicité suprême (Paramânanda Tantra) enseigne, comme le Vijnâna Bhairava, une série d'expériences ou d'instructions qui pointent directement vers notre véritable nature :

Tu dois toujours observer
cet espace où apparaissent et disparaissent
les choses.
Tu es cela. 122


Inverse la direction de ton attention.
Au lieu de regarder les choses, les pensées, les sensations, regarde ce qui regarde.
Retourne ta conscience vers elle-même.
Alors tu ne vois rien : aucune chose, aucune sensation, aucune pensée, aucune idée, aucun mot.
Une ouverture immense, absolument limpide. 
L'opposé de tout : rien.

Mais ce rien est vivant, il contient tout.
Il n'apparaît pas, ne disparaît pas,
cet espace où tout apparaît, où tout disparaît.
Absence de toutes choses, il est le fond de toutes choses.

"Tu es cela" :
non pas "tu deviens cela" ou "tu deviendras cela" ou "tu es une partie de cela"
ou "tu es potentiellement cela" ou "tu étais cela" ou "tu seras cela"
ou "tu es appelé à cela" ou "tu as ta source en cela".
Il ne s'agit pas de créer, de fabriquer, de transformer volontairement,
de produire, d'engendrer, d'affiner, de purifier, de travailler, de voyager,
d'élever, de basculer, de changer.
Ca n'est pas une expérience psychologique, ni mystique, ni religieuse, ni occulte.
C'est juste voir ce qui se présente,
comme ça se présente :
tout apparaît et disparaît dans cet espace.
Je ne peux même pas dire, à vrai dire,
que cet espace soit "immense", car je n'ai rien, hors de lui,
à quoi le comparer.
Il est limpide, immense par rapport aux choses,
transparent, silencieux, paisible.

Mais alors, il n'y a rien à faire ?
Il y a un impératif "tu dois observer cet espace".
Tu dois avoir l'audace de regarder.
Ne pas te contenter d'une croyance.
Le meilleur "moyen", la meilleure pratique,
est le doute : tester.
Encore et encore.
Ne crains rien, le rien ne risque pas de s'user.
Tu dois "toujours" observer,
cela dois devenir le centre de ton existence.
Un coup d'oeil une fois par an ne fera qu'ajouter à ta frustration.


Mais pourquoi, si je suis déjà cela ?
Pour te mettre à l'unisson de rien, 
pour jouir du vide, de l'immensité silencieuse,
pour goûter le silence. 
Comme un enfant fait des ronds dans l'eau :
très sérieux, très attentif. Mais sans but.

Je suis un espace vivant, doué d'attention.
Par les jeux de cette attention,
je peux me perdre de-ci, de-là,
et revenir.
D'où un art de l'attention qui est un art de vivre,
un art intérieur, invisible aux autres.
Nul besoin de changer l'extérieur :
ce qui doit être ajusté le sera, à sa façon.
Le silence libère l'attention qui retrouve peu à peu sa souplesse,
son agilité. La personnalité ne disparaît pas
quand elle vit dans ce fond impersonnel :
elle évolue.

Une métaphysique n'est pas nécessaire.
Un ésotérisme, encore moins.
Vivre de cette expérience,
se tenir vide en ce vide,
ou vert dans l'ouvert.
Sans aller mendier ailleurs.
C'est le jeûne salutaire, 
la méditation efficace,
la voie et le but.
C'est l'espace de l'éveil.

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